25/06/2025 : Hormuz, pétrole, portefeuilles - quelles trajectoires ?
Dans la nuit du 13 au 14 juin 2025, Israël a frappé une centaine de cibles militaires et nucléaires iraniennes. Téhéran a répliqué dès le lendemain par environ 150 missiles balistiques, lancés en deux vagues.
Si cette escalade semble aujourd’hui se stabiliser, elle marque la première confrontation directe entre les deux pays depuis plus de quarante ans, et a immédiatement replacé le détroit d’Hormuz au centre des préoccupations de marché.
📍 Pourquoi le détroit d’Hormuz concentre toutes les inquiétudes
Le détroit d’Hormuz, long de 39 km et large d’à peine 3 km en son point le plus étroit, sépare l’Iran du sultanat d’Oman. En apparence, c’est un simple passage maritime ; en réalité, c’est l’artère vitale de l’économie pétrolière mondiale.
Chaque jour, 17 à 18 millions de barils de pétrole y transitent, soit près de 20 % de la consommation mondiale, ainsi qu’une part significative du gaz naturel liquéfié (GNL) exporté par le Qatar.
La fermeture partielle ou totale de ce détroit, même temporaire, désorganiserait la chaîne logistique mondiale de l’énergie, provoquerait une flambée des prix et entraînerait des effets en cascade sur les économies importatrices.
Pour illustrer :
-
En 2011, lors des tensions précédentes, une simple menace de fermeture avait suffi à faire grimper le baril de +20 % en trois semaines.
-
En 1984, pendant la guerre Iran-Irak, les attaques de tankers avaient paralysé une partie des flux, contribuant à un doublement des prix en quelques mois.
Autrement dit : Hormuz n’est pas qu’un point stratégique militaire, c’est un nœud systémique pour l’économie pétrolière.
🔄 Du baril aux Bourses : l’effet domino
Un blocage, ou même une menace crédible, sur le détroit d’Hormuz ne se limite pas à une flambée des prix de l’énergie. Il agit comme un multiplicateur d’incertitude macro-financière, déclenchant une séquence bien connue mais toujours redoutée :
-
Choc d’offre énergétique
-
Inflation anticipée en hausse
-
Taux longs qui se tendent
-
Revalorisation des risques de crédit
-
Correction ou rotation sur les marchés actions
Chaque maillon de cette chaîne affecte des classes d’actifs différentes, dans des horizons de temps variés : le pétrole réagit en quelques heures, les taux longs en quelques jours, les actions en quelques semaines.
Ce n’est pas la hausse du baril qui déstabilise les portefeuilles, mais le changement de régime qu’elle peut initier : monétaire, budgétaire, géopolitique.
Pour les investisseurs comme pour les analystes, l’enjeu est de suivre la dynamique des dominos, pas seulement l’amplitude du premier.
📈 Ordre de grandeur : que se passe-t-il quand le Brent prend +10 $ ?
Moyennes calculées sur 35 épisodes de hausse brutale depuis 1995 (scénarios de chocs d’offre brutale, hors récession).
-
Inflation OCDE (indice CPI global)
🎯 Effet médian : +0,20 à +0,30 point de pourcentage
⏱️ Horizon : 6 à 12 mois
🔎 Pourquoi ? : Hausse directe des carburants ; effet empirique confirmé par la Fed (+0,2 pp) et par Oxford Economics (+0,3 pp).
-
Taux US à 10 ans (T-Notes)
🎯 Effet médian : +8 à +15 points de base (pb)
⏱️ Horizon : 1 à 3 mois
🔎 Pourquoi ? : Anticipations d’inflation en hausse → remontée de la prime de terme. L’élasticité historique reste autour de 1 à 1,5 pb par dollar de hausse du baril.
-
Actions mondiales (indice MSCI World, total return)
🎯 Effet médian : -2 % à -3 %
⏱️ Horizon : Environ 3 semaines
🔎 Pourquoi ? : Compression des marges dans les secteurs non énergétiques et revalorisation des taux d’actualisation. Les stress tests de MSCI estiment une perte de -1,5% en 5 jours pour un choc de +10 $. Attention : derrière une baisse modérée des indices globaux se cache souvent une rotation sectorielle.
🎓 À retenir
-
Une hausse de +10 $ du Brent est rarement un événement isolé : elle active plusieurs boucles économiques à surveiller.
-
L’analyse macro, c’est comprendre les enchaînements entre variables; pas prévoir le prochain mouvement de marché.
-
Pour aller plus loin > contact@noblepeak-capital.com
Publication à but purement informatif ; elle ne constitue ni un conseil en investissement individualisé ni une incitation à réaliser des transactions. Consultez un professionnel autorisé avant toute décision.